Aller à l'école
Les décodeurs du parrainage : Episode 3
Pourquoi ce n'est pas si simple ?
Dans les zones où Un Enfant par la Main intervient, les obstacles à l’éducation sont multiples et creusent les inégalités entre les enfants.
Zoom sur les principales difficultés rencontrées
La pauvreté des familles.
Si l’éducation est souvent gratuite dans les pays où nous intervenons, elle a cependant un coût : uniformes, livres, matériels scolaires, frais de transports… sont autant de dépenses que de nombreuses familles ne peuvent se permettre. Il faut savoir que dans beaucoup de pays, comme en Haïti, sans uniforme, un enfant n’est pas autorisé à aller en classe et de nombreuses écoles sont des établissements privés.
L’isolement des villages.
Nous intervenons dans des zones particulièrement enclavées, éloignées des infrastructures et services de bases comme les écoles. Le peu de routes existantes sont souvent en mauvais état et peuvent devenir impraticables en cas de fortes pluies. L’éloignement des enfants les oblige à parcourir à pied plusieurs kilomètres par jour pour aller en classe.
Elias Lopez, professeur de sciences naturelles dans un collège de la province de Pichincha, en Équateur, revient sur les contraintes quotidiennes de ses élèves pour se rendre à l’école.
Le manque de moyens alloués aux écoles.
L’absence de financements publics ne permet pas de construire suffisamment d’écoles, de salles de classe, ni même de les équiper en mobilier ou matériels pédagogique. Dans de nombreuses écoles, il devient même difficile d’assumer la rémunération des professeurs.
La dégradation des contextes sécuritaires et sanitaires et catastrophes naturelles.
Guerre en Ukraine, conflit en Éthiopie, crises économiques et politiques en Haïti ou au Sri Lanka, pandémie de la covid-19, tremblements de terre, sècheresse… Autant d’évènements traumatiques qui entraînent de fortes ruptures pédagogiques, car les enfants doivent quitter leur village ou au contraire rester confinés chez eux, avec peu de moyen de communication – internet et le téléphone étant souvent indisponibles.
La place des enfants dans la société, et plus particulièrement des filles.
Beaucoup d’enfants ne sont pas déclarés dans le monde, comme à Madagascar, où des milliers d’enfants n’ont pas d’existence officielle. De plus, dans beaucoup de régions, la scolarisation est encore trop souvent soumise à arbitrage lié à une perte de temps, et d’argent, puisque la scolarisation implique que l’enfant soit à l’école et non à la maison, aux champs ou marié…
Paroles d'experts
Sans accès à l’école, c’est concrètement un cercle vicieux de pauvreté et d’exclusion qui se met en place et risque de se maintenir, génération après génération.
Une fois l’accès à l’éducation établie, les enfants sont également confrontés aux risques de décrochage ou d’abandon scolaire lorsque les conditions pédagogiques, sanitaires et sécuritaires font défaut.
Comme nous explique Vanessa Quintero, responsable des programmes à Un Enfant par la Main
L’éloignement, l’absence de transports et de routes praticables obligent les enfants à marcher des kilomètres avant d’arriver à l’école. La fatigue se fait alors ressentir pour les élèves qui arrivent en classe très fatigués après 30 minutes de marche, voire plus, notamment lorsqu’ils sont de corvée d’eau.
Apprendre le ventre vide
Dans des pays où la situation économique est déjà difficile, les familles n’ont parfois pas la possibilité de fournir 3 repas par jour à leurs enfants. Les enfants vont à l’école, mais ne peuvent se concentrer sur leur apprentissage parce qu’ils ont faim…
Étudier à même le sol, sans cahier, sans tableau, dans une classe de 50 élèves, voire plus…
C’est malheureusement une réalité pour beaucoup d’enfants dans le monde, nous explique Vanessa Quintero.
Les écoles peinent à s’équiper en bureaux, en bancs et tout mobilier ou matériel scolaire. Le manque de salles de classe et/ou de professeurs font que les élèves, bien trop nombreux et de niveaux différents, soient regroupés dans une même salle de classe, ce qui rend très difficile un suivi et un apprentissage de qualité.
De plus, la vétusté des salles de classe est un défi à part entière pour l’éducation. Toits mal isolés ou troués, murs fissurés, séparations des classes à l’aide de bâches, sols sans revêtement, pas d’électricité, pas d’eau, pas de chauffage et encore moins de climatisation… là encore, les conditions d’apprentissages sont mises à mal en raison du bruit, des températures difficilement supportables en été comme en hiver, du manque d’éclairage, d’inondations des salles de classe à la moindre pluie...
Des professeurs peu formés et sans matériel pédagogique
Les enseignants sont responsables de plusieurs disciplines et/ou de plusieurs niveaux scolaires. Leurs conditions de travail très difficiles ne leur permettent pas d’enseigner de manière qualitative. Déjà peu nombreux, ils sont parfois contraints d’abandonner leur poste faute de salaires versés…
Dans ces conditions, beaucoup d’enfants se retrouvent en situation d’échec scolaire, n’ayant pas acquis les compétences scolaires de base (lire, écrire, compter). Le risque de décrochage et d’abandon est particulièrement important, notamment après l’école primaire.
Davidson Lord, responsable des parrainages d’Un Enfant par la Main en Haïti, nous explique également que les risques de blessures, d’accidents ou de maladies sont malheureusement une réalité pour les enfants.
La vétusté des salles de classe ou la fragilisation des bâtiments scolaires après un séisme ou un cyclone peuvent représenter un danger important pour les élèves. De plus, l’absence d’eau potable, le manque d’hygiène ou encore l’insalubrité des toilettes à l’école engendrent la propagation de maladies en lien avec l’eau insalubre (diarrhée ou encore du choléra) qui, par manque d’accès aux soins, prolongent l’absentéisme des élèves pour raison de santé mais peuvent également être fatals notamment pour les plus petits.
La pauvreté des familles, la faiblesse de l’offre scolaire tant quantitative que qualitative, cumulées à une dévalorisation de la place de l’enfant, demeurent un terrain favorable à l’exploitation des enfants, considérés parfois alors comme une source de revenus pour leur famille. Travaux ménagers, travaux agricoles, mais aussi esclavage sexuel ou mariages précoces…
Le plus souvent, ce sont les filles qui en sont les 1ères victimes. Sans éducation, les jeunes filles font face à un cercle vicieux qu’il faut briser. Nous y reviendrons plus longuement prochainement dans Les Décodeurs.
Dans les coulisses de l'Association
Face aux défis d’un système éducatif accessible de qualité et aux enjeux que représente le respect des droits des enfants, nos équipes travaillent main dans la main avec les enfants, les familles, les écoles et les autorités locales pour permettre aux enfants d’aller à l’école, mais pas seulement !
Permettre aux enfants d’apprendre dans de bonnes conditions et en toute sécurité.
À la rentrée scolaire, nous distribuons des kits et des uniformes scolaires pour les enfants et des matériels pédagogiques pour leurs professeurs.
Nous équipons les écoles et les classes en mobiliers scolaires, tables-bancs, bureaux, etc. Nous construisons de nouveaux bâtiments scolaires ou réhabilitions des salles de classe et des toitures trop vétustes ou détruites lors de catastrophes naturelles, en tenant compte des conditions sécuritaires en vigueur dans la zone, des normes sismiques, etc.
Les matériaux et matières premières sont achetés sur place pour le développement l’économie locale. Et dès que cela est possible, nous impliquons les membres de la communauté pour la confection des uniformes, des mobiliers scolaires ou la construction des ouvrages. Si besoin, nous prenons en charge leur formation (couture, ébénisterie, métiers du bâtiment…), ce qui leur permet de gagner en expertise et de s’assurer une source de revenus stables et/ ou complémentaires.
Permettre aux enfants et à leurs professeurs d’accéder à un enseignement de qualité
En favorisant la formation des professeurs et en leur fournissant du matériel pédagogique adéquat, nous assurons une meilleure prise en charge des élèves pour assurer a minima l’acquisition des connaissances de base.
Nous formons également les équipes enseignantes aux nouvelles technologies afin de lutter contre la fracture numérique.
Ci-dessus, au Cambodge, dans le cadre du projet Apprentissage Facile en août 2022, nos partenaires sur place ont pu renforcer les compétences de 109 professeurs et les former à de nouvelles techniques pédagogiques.
Faire de l’école un pilier central pour faire avancer l’accès à la nutrition, l’accès à l’eau et agir pour la santé des enfants.
Tant que l’eau ne sera pas courante dans les villages, la corvée d’eau sera toujours d’actualité, en revanche, lorsque nous construisons une citerne… à l’école, ce sont des centaines d’enfants qui n’ont plus à faire des kilomètres supplémentaires, et autant d’enfants qui peuvent boire une eau potable, se laver les mains et ainsi se préserver de nombreuses maladies.
Comment garantir un repas équilibré et des collations chaque jour aux enfants ? Lorsque nous créons une cantine scolaire , comme en 2020 dans le programme Vahatra à Madagascar, nous participons activement à la lutte contre la malnutrition et le travail des enfants. Les parents sont encouragés à envoyer leurs enfants à l’école car ils ont la garantie qu’ils pourront manger à leur faim. Les enfants sont plus concentrés, apprennent mieux et tombent moins malades.
Faire changer les mentalités pour faire avancer le droit à l’éducation.
Valorisation de la place de l’enfant dans la société, de la place des filles à travers la (re)connaissance de leurs droits, valorisation de l’école par rapport à toute forme d’exploitation des enfants… Nous menons des campagnes de sensibilisation et accompagnons les enfants, les jeunes, les familles, les professeurs, les leaders communautaires, les collectivités et associations locales, etc. pour que le droit de chaque enfant d’exister, de vivre dignement, de devenir acteur et responsable de ses propres choix soit respecté par toutes et tous. L’accès à l’éducation ouvre la voie à la connaissance de nos droits fondamentaux, et c’est notre priorité pour tous les enfants.
Regard d'enfant
Prachi, a 12 ans, elle habite à Delhi, au nord de l’Inde, avec ses parents. Elle fait partie du programme de parrainage Delhi Child Development dans lequel Un Enfant par la Main compte près de 200 enfants parrainés.
Comme beaucoup d’enfants, Prachi vit loin de son école et doit marcher longuement tous les matins. Il y a quelques mois, Prachi et une centaine d’enfants de Dehli ont pu bénéficier d’un vélo pour aller à l’école.
Grâce à ce nouveau moyen de transport, Prachi a réduit par deux son temps de trajet. Moins fatiguée, elle est plus concentrée et peut exprimer tout son potentiel en classe.
Tout aussi important, Prachi nous a confié qu’elle disposait désormais de plus de temps pour s’amuser et discuter avec ses amies. Autant de facteurs qui favorisent son bien-être et sa confiance en elle !
Le mot de la fin…
À ce jour, l’Association soutient près de 13 000 enfants dans 17 pays. Lorsque les enfants peuvent enfin aller l’école, découvrir le monde qui les entoure, apprendre qu’ils ont des droits, qu’ils sont uniques et qu’ils ont la possibilité de changer les choses, alors c’est à ce moment-là que notre engagement commun, à tous, ici, comme sur le terrain, prend tout son sens.
En parrainant un enfant, vous contribuez à faire respecter et appliquer le droit de chaque enfant et son village à accéder à une éducation de qualité.
Merci pour votre soutien !
Offrir des soins
Agir contre la faim
Protéger des violences
Scolariser et former
Donner de l’eau