Ma rencontre avec Mwende au Kenya
Chantal Gautier est marraine de Mwende, depuis 17 ans. Elle est également Coordinatrice du réseau des bénévoles. Elle l’a parrainé alors qu’elle avait tout juste 8 ans.
En mars dernier, elle s’est rendue pour la 1ère fois au Kenya pour la rencontrer.
Comment s’est décidé votre voyage à la rencontre de Mwende ?
Nous avions en tête d’aller à la rencontre de notre filleule depuis de nombreuses années, mais sans jamais faire le pas.
Puis nous avons réalisé que le parrainage allait se terminer, car elle allait avoir 24 ans !
C’était donc le bon moment !
Expliquez-nous le lien que vous avez avec votre filleule ?
Nous avons parrainé Mwende en 2002, elle avait 8 ans. Le lien s’est d’abord effectué avec sa tante Wanza, qui nous écrivait à sa place de longues lettres.
Au départ, les enfants ne sont pas en capacité d’écrire, et il faut que nous soyons patients avant d’avoir les premiers courriers de nos filleuls, mais la famille ou les travailleurs sociaux prennent le relais de façon remarquable. Nous avons d’ailleurs également rencontré Wanza lors de notre visite, et là aussi cela a été très émouvant.
Quel(s) sentiment(s) avez-vous ressenti lors de la rencontre?
C’est un moment débordant d’émotions que de se voir, et j’ai senti que Mwende était toute « chamboulée » aussi.
Nous nous sommes écrits pendant 17 ans, et d’un seul coup, on peut se voir et se parler.
C’est comme retrouver quelqu’un après de longues années de séparation.
Racontez-nous la rencontre avec votre filleule.
Lorsque nous sommes arrivés au bureau ChildFund dans le petit village de Talla, j’ai tout de suite aperçue au loin toute la famille qui nous attendait : sa petite fille Irène 3 ans, ses parents Béatrice et Hippolyte, son frère et sa sœur. Pas de mots assez forts pour raconter notre rencontre.
C’est comme si nous rencontrions notre propre famille, car c’est un peu ce qui se passe avec le parrainage.
L’enfant que nous parrainons fait pratiquement partie de la famille
La communication visuelle a été très émouvante surtout avec la maman de Mwende, qui semblait aussi touchée que sa fille de cette rencontre.
L’atmosphère s’est totalement détendue lors du repas que nous avons tous pris en commun.
Au menu : Poulet, riz et petits gâteaux, et lavage de mains obligatoire proposé par une bénévole de l’association !
Qu’avez-vous constaté lors de votre visite au Kenya ?
Le Kenya est dans une extrême pauvreté. 70% des kenyans n’ont pas un travail légal, par contre ils ont un enthousiasme débordant.
Nous nous plaignons ici, alors que nous avons tout, et eux qui n’ont rien, sont dynamiques, plein d’enthousiasme, et essaient de faire plaisir.
J’avais amené quelques petits cadeaux pour Mwende et sa petite fille, et j’ai été très surprise lorsque la maman de Mwende a voulu elle aussi, nous faire un cadeau de petites girafes en bois et un sac tressé. Cela m’a beaucoup touchée, car je sais ce que cela représente pour eux. Avant d’arriver au village, j’avais demandé ce que je pouvais apporter à la famille.
Le responsable ChlildFund m’a proposé de nous arrêter au supermarché du village pour faire un « plein » de nourriture (riz, céréales, huile, etc …) pour la famille.
Le chariot était plein pour seulement 30 dollars.
Parfois, nous ne savons pas quoi offrir à nos filleuls du bout du monde, et bien envoyer un peu d’argent (sous la forme de cadeau) pour la famille pour se nourrir. C’est une des 1ères nécessités.
Et c’est simple, on peut envoyer un chèque à l’association en disant que c’est un cadeau pour la famille de notre filleul, et l’argent va directement à la famille.
Que pensez-vous du travail des équipes sur place ?
C’est David Appopo, le responsable des relations parrains/filleuls au Kenya qui nous a accompagné toute la journée avec beaucoup de gentillesse et d’empathie mais aussi beaucoup de professionnalisme. Il a répondu à toutes nos questions tout au long de la journée.
Au village, il a laissé la parole à Charles responsable de l’association partenaire et à Daniel, le responsable du bureau local.
Ils nous ont exposé en détail les projets menés dans le programme Maka et l’aide apportée par ChildFund aux communautés .
Nous sommes allés ensuite voir un puits pour permettre à plusieurs villages d’avoir accès à l’eau.
Le puits fonctionne avec une pompe alimentée en énergie par des panneaux solaires.
Un des responsables de ce programme en a profité pour expliquer qu’il faudrait avoir 4 ou 5 de ces installations pour pouvoir alimenter les villages à proximité.
Ensuite nous avons été accueillis très très chaleureusement par un groupe de femmes « les bénévoles de Canaan » avec des danses et des chants.
Ces femmes d’une énergie débordante se réunissent régulièrement et proposent du micro-crédit. Leur énergie fait plaisir à voir !
Elles mettent quelques shillings toutes les semaines dans un « pot commun ».
Ces sommes sont inscrites sur un petit carnet vert.
Chaque bénévole a son propre carnet vert.
D’une part cet argent leur rapporte un petit intérêt et d’autre part il sert ensuite à lancer des petites activités commerciales telles que la vente de fruits, répondre à des besoins domestiques ou acheter des outils agricoles mutualisés.
Quels sont les projets d’avenir pour Mwende ?
Mwende a fini le secondaire et a fait une formation pour être coiffeuse. Elle travaille de temps en temps dans un salon de coiffure et aimerait avoir son propre salon.
Lorsqu’elle m’avait fait part dans ses lettres de ce projet, je trouvais ce projet peut-être trop conséquent, mais en étant sur place, je me suis rendue compte qu’il s’agissait d’ouvrir une toute petite échoppe de coiffure qui n’a rien à voir avec nos salons européens. Une ou deux chaises pour les futures clientes, un miroir et tout ce qu’il faut pour coiffer.
J’en ai parlé à David Appopo pour lui demander si Mwende avait la maturité suffisante pour ouvrir son propre salon.
Et il m’a répondu que oui, à la condition qu’elle démontre cette capacité avant d’ouvrir le magasin, et qu’elle suive une formation de base sur la gestion d’une entreprise. Le projet en est là ….
David m’a également fait part que son frère cultivait des fruits et des légumes qu’il revendait avec l’aide de la sœur de Mwende et que si je le souhaitais un coup de pouce était envisageable aussi de ce côté-là pour aider la famille. J’ai remarqué qu’il y avait une vraie entraide dans la famille, due à une extrême pauvreté, et les enfants font tout leur possible pour aider les parents vieillissants.
Envisagez-vous de parrainer un autre enfant ?
Il se trouve que Mwende a une petite fille de 3 ans.
Nous allons donc prendre le relais en parrainant sa petite fille.
Et j’en suis ravie, car comme Irène est trop petite, c’est Mwende qui continuera à m’écrire pour me parler de sa fille et de la famille.
En tant que déléguée bénévole pour la Loire Atlantique, envisagez de partager ce voyage ?
Oui bien sûr. Nous nous réunissons tous les mois, et je vais faire découvrir au groupe de bénévoles les photos et la vidéo.
Et peut-être essayerons-nous de faire une réunion plus large des parrains du 44 sur le thème du « Voyage à nos filleuls » pour que nos parrains qui ont rendu visite à leurs filleuls puissent aussi témoigner et partager leur expérience.
Quel est votre plus beau souvenir ?
Il n’y a pas qu’un souvenir !
Le premier c’est lorsque j’ai montré à Mwende toutes les lettres et photos que nous avions échangées pendant toutes ces années.
Toute la famille a feuilleté le classeur avec beaucoup d’émotions et d’interrogations notamment sur les photos de Mwende à différents âges.
Un autre moment a été lorsque sa maman m’a embrassé avec beaucoup de chaleur. On se comprenait !
Et enfin, peut-être pas le plus beau mais l’un des plus intenses, et j’ai ressenti une belle complicité : le départ, car quand nous reverrons nous …..
Merci Mwende, car sans le savoir, tu nous as apporté tant de choses !