Interview des fondateurs d’Amadea !
Patrick et Lalao, qui sont les fondateurs d’Amadea?
Nous avons fait toutes nos études dans l’enseignement public gratuit depuis l’école primaire jusqu’à l’université à Madagascar, à une époque où cet enseignement était considéré comme ce qui se faisait de mieux dans le domaine de l’éducation. Les choses ont bien changé depuis, car désormais, les gens doivent consacrer toujours davantage de leurs revenus pour l’éducation de leurs enfants afin qu’ils puissent étudier et de préférence, dans des écoles privées.
Après des études de droit à l’université de Madagascar où nous nous sommes connus, Lalao et moi, sommes arrivés en France en 1985 pour des études de troisième cycle en droit international à Dijon. C’est là que nous avons rencontré l’association « Les amis de Topaza » du nom de l’orphelinat malgache où trois familles charentaise, bisontine et dijonnaise avaient adopté des enfants et dont le but était l’aide à l’enfance défavorisée mais dont l’action s’ouvrira très vite au développement car tous les membres étaient conscients que seule une action à long terme dans ce cadre pouvait apporter des solutions durables.
C’était le début d’une belle aventure et d’un engagement qui dure maintenant depuis plus de 30 ans. Les amis de Topaza allaient devenir Amadea en 1999 car son action avait depuis longtemps largement dépassé la seule aide à un orphelinat.
Comment est née Amadea, et pourquoi avez-vous choisi d’intervenir dans cette zone Rurale d’Antanetibe – Mahazaza du District d’Ambohidratrimo, Région Analamanga ?
L’association a décidé de se donner les moyens de se doter d’une véritable représentation sur place par la création d’une structure locale qui allait désormais piloter l’ensemble de la mise en œuvre et du suivi des actions menées à Madagascar. Alors qu’on ne cessait de parler de famine à Madagascar, nous ne pouvions pas imaginer comment un pays comme le nôtre aussi richement doté par la nature ne parvenait pas à nourrir sa population.
Plutôt que de rester en France à essayer d’aider à distance ceux qui sont au pays, on s’était dit que si on voulait réellement faire et apporter notre contribution pour lutter contre cette pauvreté, il était temps pour nous de rentrer à Madagascar. Avec notre fils qui venait juste d’entrer à l’école primaire, nous sommes partis en premier. J’ai d’abord suivi une formation en logistique internationale axée sur l’humanitaire à la Sorbonne. Lalao a continué à travailler en France pour assurer nos arrières.
Elle nous a rejoint 3 ans après le temps que nous puissions organiser notre nouvelle vie et pour elle, se plonger dans un environnement et un travail tellement différent de ce qu’elle avait vécu dans les boites américaines à la pointe de l’informatique où elle travaillait à l’époque.
Si Amadea est une association française, on savait que la structure que nous allions mettre en place à Madagascar serait entièrement dirigée et animée par des malgaches car qui mieux que nous, avec la participation de la population, allaient pouvoir réfléchir à nos problèmes et aux solutions qu’il fallait trouver et qui soient adaptées à notre réalité et à notre culture tout en y apportant ce que nous avons appris et nos expériences pendant toutes les années passées dans le monde occidental et des échanges avec nos amis qui font vivre l’association en France
On savait que nous n’allions pas travailler en milieu urbain où se trouvaient plus de 60% des ONG qui travaillaient à Madagascar, ce sera donc à la campagne et tout naturellement commencer par le village d’Amberomanga – entre la commune rurale de Mahitsy et celle d’Antanetibe Mahazaza, district d’Ambohidratrimo, région Analamanga – village natal de ma grand mère maternelle (Patrick) qui, aspirant à des conditions de vie meilleures, la quitté pour la ville afin de suivre son mari.
Quelle est la méthode de travail d’Amadea ?
Le mode opératoire d’AMADEA n’est que la transcription de la philosophie qui anime son action. Il s’agit :
- De développer « en tache d’huile » : l’action d’Amadea a commencé avec un groupement dans un village. Il concerne désormais 92 groupements répartis dans 6 communes de deux districts de la région d’Analamanga sans qu’aucun de ces groupements ne se retrouve totalement isolé car il a toujours non loin de lui un autre groupement qui lui-même est proche géographiquement d’un autre groupement etc…
- De proposer un vaste panel d’activités, parmi lesquelles le paysan pourra choisir en fonction de ses aptitudes et des moyens dont il dispose, pour qu’il ne soit en aucun cas dépendant d’une seule activité ou d’une seule spéculation.
- De faire appel à des techniciens de proximité : les techniciens d’Amadea sont tous issus du milieu dans lequel ils évoluent. Ce sont des paysans qui ont démontré une certaine capacité technique, une volonté de progresser et surtout qui sont animés d’un grand sens du partage, indispensable pour les aider à transmettre leur savoir à leurs pairs.
- De tisser des liens de partenariats avec des spécialistes des différents domaines dans lesquels intervient l’association : Amadea a su nouer des partenariats avec la plupart des organismes de recherche, les associations spécialisées et les différents ministères concernés pour profiter de leurs compétences et diffuser par la suite les connaissances et compétences ainsi acquises.
- De concentrer son effort sur la vulgarisation de toutes les connaissances qu’elle a acquises. Outre à la formation elle-même, Amadea facilite l’accès aux intrants et apporte un appui et un suivi technique à l’ensemble des membres des groupements qu’elle accompagne.
- De ne pas s’adresser à des individus isolés : l’action d’Amadea concerne toujours des groupements de paysans.
- De renforcer les capacités des membres et des différents groupements : elle recherche ainsi à faire émerger de vrais leaders paysans, susceptibles d’entraîner avec eux leurs pairs. Le grand défi actuel, au sein de ces différentes organisations, est d’avoir des leaders capables de montrer l’exemple (ils doivent pour cela être compétents techniquement) et, surtout, d’obtenir l’adhésion et l’engagement des autres à les suivre.
En quoi la collaboration avec Un Enfant par la Main est importante pour Amadea ?
La collaboration avec Un Enfant Par La Main est venue tout naturellement de la proposition des responsables de l’Association de co-construire un partenariat qui permettrait aux deux parties de mettre en commun leurs moyens et leurs expériences pour que le parrainage apporté par Un Enfant par la Main soit utilisé du mieux possible et profiter au maximum aux bénéficiaires grâces aux actions sur le terrain qui sont familières à AMADEA.
Cette synergie s’est tout de suite retrouvée dans les missions que les deux associations se sont données ainsi que les actions qu’elles ont prévues de mener afin d’atteindre les objectifs qu’elles se sont fixées : priorité à l’aide/protection de l’enfance défavorisée et à l’éducation, aider les adultes à prendre en main leur avenir, développer les activités génératrices de revenus tout en préservant l’environnement.
Quels sont vos souhaits/espoirs pour 2019 ?
Nous espérons vraiment que la collaboration avec Un Enfant par la Main va permettre à Amadea d’agir davantage au niveau des écoles, non seulement en apportant un soutien aux enfants qui en ont le plus besoin, mais aussi en améliorant les infrastructures et la qualité de l’enseignement en prenant en charge une partie de la formation et de la rémunération des enseignants.
Qu’elle puisse permettre d’étoffer et de densifier la palette des soutiens qu’elle peut apporter aux familles qu’Amadea accompagne.
Qu’elle permettre également à terme à Amadea d’étendre sa zone d’action pour toucher d’autres familles qui souhaitent également travailler avec elle.
Avez-vous un message pour les futurs parrains en France ?
Amadea travaille depuis des années avec 80% de fonds propres apportés par la générosité de ses membres et de ses soutiens. Nous savons à quel point les personnes qui apportent leur contribution à une action humanitaire tiennent à ce que leur argent soit utilisé au mieux, pour le plus grand bénéfice de ceux auxquels ils sont destinés.
C’est ce que nous avons toujours fait et c’est ce que nous ferons avec l’argent apporté par la collaboration avec Un Enfant par la Main.