Plongée au cœur du cyberharcèlement : enjeux et solutions
Internet et les médias sociaux ont transformé notre quotidien. Ils nous relient, nous informent et nous divertissent de manière inédite. Mais il a aussi ouvert la porte à des comportements toxiques. Parmi eux, le cyberharcèlement ou cyberintimidation. Insultes, menaces, diffamation… Ces attaques peuvent toucher tout le monde, à tout moment et tout particulièrement les enfants.
En effet, ils sont vulnérables en raison de leur manque de discernement, leur curiosité et leur tendance à partager des données personnelles sans en mesurer les risques. Ils peuvent être facilement manipulés sur les réseaux sociaux, exposés au cyberharcèlement ou à des arnaques en ligne. Face à cette situation, des solutions existent. Mobilisation, prévention, outils digitaux… La lutte s’organise. Ensemble, nous pouvons faire du Web un espace plus sûr, surtout pour les mineurs.
Comment le phénomène du harcèlement sur le Web a-t-il évolué ? Quels sont ses terrains d’expression privilégiés ? Comment s’en protéger et agir efficacement ? Quel rôle jouent les ONG comme un Enfant par la Main et comment leurs programmes de parrainage peuvent-ils participer à la lutte contre ce phénomène ? Plongeons au cœur d’un combat essentiel.
Au cœur du cyberharcèlement

Origine et évolution du phénomène
Le cyberharcèlement a émergé avec l’essor d’Internet et des réseaux sociaux, et a pris de l’ampleur avec l’arrivée des smartphones et des plateformes digitales. L’anonymat, l’instantanéité et la viralité caractéristiques de ces espaces ont facilité les attaques.
Dans les années 2000, les forums et les chats en ligne ont ouvert la voie à ce phénomène. Avec l’avènement de Facebook, Twitter et Instagram, les interactions sont devenues massives, accentuant ainsi la portée et l’intensité du harcèlement. Aujourd’hui, des plateformes comme TikTok, Discord ou Snapchat sont aussi des lieux propices aux dérapages.
Il faut noter également que les avancées technologiques offrent constamment aux harceleurs de nouvelles possibilités, telles que l’usurpation d’identité, la diffusion de fausses informations et la manipulation de contenus vidéo. Cette situation crée un environnement de plus en plus complexe, rendant la prévention et la protection indispensables.
Le harcèlement sur le web concerne toutes les générations et tous les milieux. Les études montrent que les jeunes sont particulièrement exposés. Selon une enquête de l’UNICEF, un adolescent sur trois dans le monde a déjà été victime de cyberviolences. Mais, les adultes ne sont pas épargnés. Personnalités publiques, employés, entrepreneurs… Nous pouvons tous être la cible de harcèlement sur le web pour une raison ou une autre.

Le ministère de l’Éducation nationale définit le cyberharcèlement comme un « acte agressif, intentionnel perpétré par un individu ou un groupe d’individus au moyen de formes de communication électroniques, de façon répétée à l’encontre d’une victime qui ne peut facilement se défendre seule. »
Portrait des acteurs impliqués
Les harceleurs sont souvent des anonymes, mais peuvent aussi être des camarades de classe, des collègues ou des inconnus malveillants. Leur motivation peut varier : vengeance, jalousie, recherche d’attention, ou simplement la volonté de nuire. Certains agissent de manière impulsive, d’autres organisent des campagnes de harcèlement sur le Web. Il existe également des « trolls ». Ces personnes veulent délibérément provoquer et générer du chaos sur les réseaux sociaux.
Les victimes de violences en ligne, quant à elles, n’ont pas de profil type. Mais bien que tous les individus puissent être touchés par ces attaques, les enfants, les adolescents, les femmes et les personnalités publiques semblent être les plus exposés.
Cartographie des terrains numériques à risque

Les réseaux sociaux sous la loupe
Facebook, Instagram, TikTok et X (anciennement Twitter) sont des lieux d’échange et de partage, mais aussi des espaces où les violences numériques se multiplient. Comportements nuisibles tels que commentaires haineux, diffamation, création de faux comptes et diffusion malveillante de contenus prolifèrent rapidement, souvent avant que la modération puisse intervenir. Il est donc crucial de comprendre comment sécuriser ces espaces pour éviter que ces abus ne se multiplient et encourager les victimes à déposer plainte.
Particulièrement sur Instagram et TikTok, les jeunes sont fréquemment confrontés à des railleries portant sur leur apparence physique (« bodyshaming »), à des moqueries incessantes et à la propagation non consentie de photos ou vidéos.
Sur X (ex-Twitter), ce phénomène prend la forme d’attaques de masse, souvent organisées par des groupes haineux, où la cible peut rapidement devenir un centre de persécution. Ces dynamiques créent un environnement toxique, rendant d’autant plus nécessaires une vigilance accrue et des mesures de prévention adaptées.
Les espaces interactifs et jeux en ligne
Les jeux et les forums sur le Web sont également des terrains où le harcèlement peut se manifester. Les insultes en pleine partie, les menaces, l’exclusion d’un groupe. Il peut prendre différentes formes. Et là aussi, l’anonymat que propose Internet renforce souvent cette dynamique.
Des plateformes comme Discord ou Twitch, qui permettent aux joueurs et streamers d’interagir, sont des lieux où les attaques peuvent rapidement devenir toxiques. Certains jeux multijoueurs en ligne, en particulier, voient des joueurs être victimes d’agressions verbales ou être ciblés de manière coordonnée dans des évènements connus sous le nom de « stream sniping ».
Mécanismes et dynamiques du cyberharcèlement

Stratégies et tactiques des harceleurs
Les harceleurs utilisent plusieurs stratégies pour nuire à leurs victimes. Des messages insultants, des rumeurs, du chantage, de l’usurpation d’identité… Certains agissent seuls, d’autres en groupe. Les attaques peuvent être ponctuelles ou s’étaler sur plusieurs mois, voire plus.
Le « doxing » (divulgation d’informations personnelles), le « revenge porn » (diffusion de photos ou vidéos intimes sans consentement), ou encore le « raiding » (attaques coordonnées contre une personne) sont des formes de harcèlement en ligne qui peuvent avoir des conséquences dramatiques. Les harceleurs savent exploiter les failles des plateformes digitales pour provoquer le maximum de tort.

Le saviez-vous ?
Un deepfake est une vidéo ou un audio modifiés à l’aide de l’intelligence artificielle. Un cyberharceleur peut l’utiliser pour faire dire ou faire quelque chose à une personne qui nuira à sa réputation. Lorsqu’il est partagé sur les réseaux sociaux, cela peut causer de graves préjudices à la victime.
Répercussions du cyberharcèlement

Conséquences psychologiques et émotionnelles
Les conséquences de la cyberintimidation sont profondes et variées. Les personnes ciblées subissent souvent un stress intense, qui peut se traduire par une anxiété constante, un sentiment de peur ou de vulnérabilité. Cette pression mentale peut affecter leur bien-être général et altérer leur capacité à fonctionner au quotidien. La perte de confiance en soi est aussi courante, notamment lorsqu’une personne est ciblée de manière répétée.
Dans les cas les plus graves, ces attaques peuvent mener à une dépression sévère, avec des symptômes comme une tristesse persistante, un désintérêt pour les activités quotidiennes, voire des pensées suicidaires. Les troubles du sommeil et de l’appétit sont également des signes fréquents. Les personnes harcelées peuvent se retrouver incapables de dormir ou souffrir de cauchemars récurrents liés à l’humiliation qu’elles ont vécue sur le Web. À l’inverse, certaines peuvent développer des comportements alimentaires perturbés, tels qu’une perte d’appétit ou une prise excessive de nourriture.
Implications sociales et relationnelles
La cyberintimidation fragilise les relations familiales, amicales, scolaires et professionnelles. Les victimes peuvent se retrouver isolées, perdre leurs repères et se méfier des outils virtuels. La communication est essentielle pour restaurer un climat de confiance sur le Web. La sécurité y est un enjeu clé pour permettre à chacun de naviguer sereinement.
Réactions et résilience des victimes
Face à ces attaques, certaines personnes choisissent de bloquer et signaler les harceleurs, d’autres se replient sur elles-mêmes, voir tombent dans la dépression et peuvent aller jusqu’au suicide. Pourtant, il est important de rappeler que ces personnes ne sont pas seules. Le soutien familial, des associations de défense, des professionnels de santé et d’éducation peuvent jouer un rôle crucial dans le processus de résilience.
La famille, les amis, les enseignants et même les collègues peuvent intervenir pour briser l’isolement des cibles du harcèlement sur le Web. En agissant rapidement et en offrant un environnement sûr et protecteur, il est possible de restaurer leur bien-être et leur confiance.
Initiatives et mobilisations contre le cyberharcèlement

Notre approche
L’association Un Enfant par la Main, en partenariat avec les membres de ChildFund Alliance, s’engage à lutter contre ces fléaux en adoptant une approche fondée sur les droits de l’enfant.
- La prévention : sensibiliser les enfants, les parents et les éducateurs aux dangers de la cyberintimidation.
- La protection : renforcer les cadres législatifs et institutionnels pour mieux protéger les victimes.
- Le plaidoyer : encourager les gouvernements et les entreprises technologiques à prendre des mesures concrètes.
Pour soutenir ces actions, vous pouvez parrainer un enfant. Votre aide participe à financer des campagnes de sensibilisation et à offrir un environnement plus sûr aux jeunes dans nos programmes.
Renforcer les systèmes de protection
Protéger les enfants du cyberharcèlement nécessite une approche globale impliquant plusieurs acteurs. Nous travaillons avec les communautés locales et plaidons auprès des gouvernements pour l’adoption de politiques et de lois adaptées.
Ces campagnes nationales et internationales visent à :
- Exiger des plateformes digitales qu’elles mettent en place des règles de conception sécurisée de leurs services (vérification d'âges, outils de modération des contenus, paramètres de confidentialité renforcés et mécanismes de signalement efficaces) pour éviter les abus sur le Web.
- Tenir les entreprises technologiques responsables de la protection des jeunes utilisateurs et de la modération des contenus inappropriés.
- Fournir des ressources et des formations aux forces de l’ordre afin d’améliorer la détection et la répression des crimes sur le Web commis à l’encontre des enfants.

Le saviez-vous ?
En 2023, la campagne #TakeItDown a été lancée pour inciter les entreprises technologiques à prévenir la diffusion d’images intimes de mineurs sans leur consentement. Elle a reçu un large soutien au Congrès américain, accélérant l’adoption de législations visant à renforcer la sécurité en ligne. En janvier 2024, une audience au Sénat a mobilisé des soutiens bipartisans et permis aux survivants de témoigner. Cela a conduit à l’adoption de la loi REPORT, suivie par la loi KOSA et le Take It Down Act, renforçant la protection des jeunes contre la diffusion non consentie de leurs images et d’autres formes d’abus en ligne.
Grâce à ces efforts, des avancées significatives ont été obtenues :
- En Union africaine : un mémorandum d’accord pour renforcer la protection des enfants sur le Web à l’échelle du continent a été signé.
- Aux Philippines : la loi contre l’exploitation sexuelle en ligne des enfants (Online Sexual Abuse and Exploitation of Children – OSAEC) a vu le jour. Elle accroit les sanctions appliquées aux agresseurs.
- En Équateur : le programme Naveguemos Seguros (« Naviguons en toute sécurité »), qui sensibilise les familles aux bonnes pratiques sur Internet a été lancé.
- Au Kenya : la Children Act 2022 a été adoptée. Elle introduit des dispositions spécifiques pour prévenir la cybercriminalité affectant les mineurs.
Aider les jeunes à se mobiliser
Nous croyons en leur capacité à devenir des acteurs du changement. C’est pourquoi à travers les programmes de parrainage, plusieurs initiatives leur permettent de faire entendre leurs voix et permettent de fournir les outils pour agir contre le cyberharcèlement :
- Au Mexique – le Programme #MiVozExige #SeguridadDigital encourage les jeunes à dénoncer les abus sur le Web et à promouvoir des normes de sécurité à travers des campagnes éducatives et des mobilisations locales.
- Aux Philippines – le Projet Children AWARE forme de jeunes ambassadeurs à la sensibilisation contre les violences sur le Web. Ils organisent des ateliers dans les écoles et participent à des débats avec les décideurs politiques pour faire entendre leur voix.
Toutes ces initiatives permettent aux jeunes de mieux comprendre leurs droits sur le Web et de contribuer à un environnement numérique plus sécurisé.
Nos actions sur le terrain

Mettre fin à la violence en ligne au Kenya
En 2021, ChildFund a lancé un projet de sécurité en ligne avec Google, l’Autorité des communications du Kenya, les opérateurs télécoms et des ONG locales. Cette initiative marquait une première dans le pays. En 2022, ChildFund Kenya a obtenu 1 million de dollars du End Violence Fund pour le projet Safe CLICS. Sur 3 ans, il vise à renforcer les actions du gouvernement contre l’exploitation sexuelle en ligne des enfants, à sensibiliser la population et à améliorer l’accès aux services de signalement et d’accompagnement.
Sensibilisation à la sécurité sur le Web en Équateur
Le programme Naveguemos Seguros en Équateur vise à sensibiliser les jeunes à l’importance de la sécurité numérique, mais aussi les enseignants et les soignants. ChildFund collabore en effet avec le ministère de l’Éducation pour former les acteurs de l’éducation aux dangers du numérique et renforcer la détection des cas suspects au sein du système éducatif national.
Améliorer l’éducation numérique en Indonésie
En Indonésie, l’accès à Internet s’étend rapidement, mais la sensibilisation aux risques qu’on peut y rencontrer reste insuffisante. À travers le programme Swipe Safe, les équipes travaillent à améliorer l’éducation numérique dès l’enfance. L’objectif est de fournir aux jeunes les connaissances et les compétences nécessaires pour se protéger en ligne et utiliser Internet de manière responsable.
En Inde, le projet des mariages inclut un volet d’alphabétisation numérique, permettant aux participantes d’acquérir des connaissances de base sur le digital, la sécurité en ligne et l’utilisation des applications essentielles sur smartphone.
Conclusion
Le cyberharcèlement est un défi majeur de notre époque. Il touche de nombreuses personnes, en particulier les enfants et les adolescents. Grâce à la sensibilisation, à l’éducation, à la mobilisation des associations et des ministères concernés, des entreprises comme Meta ou encore des hébergeurs web, et aux outils digitaux mis à disposition, il est possible de lutter efficacement contre cette forme de violence. La prise de conscience est là, l’action doit suivre et se poursuivre. En travaillant ensemble, nous pouvons faire en sorte qu’Internet devienne un espace positif et sécurisé pour tous, dès l’enfance.
FAQ
Le cyberharcèlement désigne toute forme de harcèlement perpétrée via des outils digitaux. Cela peut inclure :
- Des messages haineux ou insultants,
- La diffusion de fausses informations,
- L’usurpation d’identité en ligne,
- Le partage non consenti de photos ou vidéos intimes.
Une personne victime de harcèlement sur le Web peut :
- Montrer des signes d’anxiété ou de stress,
- Éviter les réseaux sociaux,
- Se replier sur elle-même,
- Avoir des troubles du sommeil ou de l’appétit.
Si vous êtes victime, adoptez ces réflexes :
- Ne répondez pas aux provocations,
- Bloquez et signalez les harceleurs,
- Gardez des preuves (captures d’écran, liens),
- Parlez-en à une personne de confiance ou aux autorités :
- Par téléphone : 3018 pour les victimes de harcèlement numérique
- En ligne : Plateforme numérique des signalements et d'accompagnement des victimes (Pnav)
Si vous êtes témoin d’un contenu illicite sur Internet, vous pouvez le signaler :
Internet n’échappe pas aux lois : chacun est responsable de ses actions en ligne, tout comme dans la vie réelle. Insultes, diffamation, usurpation d’identité… Les cyber violences peuvent entraîner de lourdes sanctions en France.
Le cadre légal prévoit notamment :
- Une injure ou une diffamation publique peut être sanctionnée par une amende allant jusqu’à 12 000 € (art. 32 de la Loi du 29 juillet 1881).
- La publication de l’image d’une personne sans son consentement est passible d’un an de prison et de 45 000 € d’amende (art. 226-1, 226-2 du Code pénal).
L’usurpation d’identité, fréquente sur Internet, peut entraîner un an d’emprisonnement et 15 000 € d’amende (art. 226-4-1 du Code pénal).
La sensibilisation passe par :
- L’éducation numérique à l’école et à la maison,
- Des campagnes de prévention sur les réseaux sociaux,
- Des témoignages d’anciennes victimes pour faire réagir,
- Un dialogue ouvert avec eux sur leurs expériences en ligne.
Parmi les leviers d’action pour lutter contre le cyberharcèlement et l’exploitation sexuelle en ligne, le parrainage joue un rôle essentiel : en accompagnant un enfant sur le long terme, il permet non seulement de lui assurer un environnement plus sûr et protecteur, mais aussi de sensibiliser sa communauté aux dangers du cyberharcèlement et de l’exploitation en ligne.
Grâce au soutien des parrains et marraines, les enfants bénéficient d’un cadre éducatif renforcé, de formations à la sécurité numérique et d’un accès à des ressources pour se protéger et réagir face aux menaces en ligne.

Offrir des soins

Agir contre la faim

Protéger des violences

Scolariser et former

Donner de l’eau