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Me marier ou pas, c’est mon droit !

Les décodeurs du parrainage : Épisode 7

Décider si, quand et avec qui se marier devrait être un choix libre et éclairé pour tous. Pourtant, ce n’est pas une réalité pour 765 millions de femmes et d’hommes dans le monde qui ont été forcés de se marier alors qu’ils étaient encore des enfants (Unicef, 2019). Les jeunes filles sont les premières victimes de ces mariages précoces, et si de nombreuses actions ont déjà été mises en place à travers le monde pour endiguer cette violation des droits de l’homme (et de la femme), il reste encore beaucoup à faire.

Quelles sont les causes qui font perdurer les mariages précoces notamment en Asie du Sud et en Afrique ? Quels sont les risques encourus par ces enfants mariés de force ? Quelles solutions peuvent être mises en place concrètement ? Et qu’en pensent les enfants, principaux concernés ?

Direction l’Inde, le Cambodge, Madagascar, le Sénégal ou encore l’Ethiopie, pour découvrir comment il est possible de changer durablement la vie de millions d’enfants face au mariage forcé !

Pourquoi ce n'est pas si simple ?

Dans le monde, 1 femme sur 5 est mariée avant son 18ème anniversaire (Unicef, 2023). Si ce nombre recule, la tendance n’est pas assez rapide et ce sont des millions de jeunes filles – mais aussi de jeunes garçons – qui chaque jour sont victimes de mariages forcés. Traditions ancestrales, pauvreté, manque d’informations, … les facteurs sont malheureusement nombreux pour expliquer la pratique du mariage précoce dans certaines régions du monde. On fait le point sur les raisons (non exhaustives) qui expliquent pourquoi le mariage des enfants est encore aussi largement répandu aujourd’hui.

La grande pauvreté des familles, aggravée par des crises multiples

De manière générale, la vulnérabilité économique est le principal facteur de mariage précoce et forcé dans certaines régions du monde. En effet, marier sa fille permet d’obtenir une dot qui aide à soutenir le reste de la famille, celle-ci ayant « une bouche de moins à nourrir ». Le mariage devient alors une source courante de revenus qui peut ainsi donner l’illusion d’une stabilité financière.

En cas de guerre, de crise politique et économique, ou encore de catastrophe naturelle, la situation des familles se dégrade considérablement et elles doivent alors faire face à des choix désespérés pour survivre ou assurer un semblant de protection à leurs enfants. De plus, dans ces situations extrêmes, les écoles ferment leurs portes, ce qui va accentuer la pratique du mariage précoce. Par exemple en Haïti, pays souvent touché par les catastrophes naturelles et en proie à un contexte actuel très instable, marier leur fille est souvent perçu par les parents comme une solution pour qu’elle puisse accéder à un meilleur niveau de vie.

Le dérèglement climatique est également pointé du doigt. En effet, l’UNICEF a démontré en 2018 le lien entre la sècheresse, la profonde insécurité alimentaire qui en découle et l’exploitation des enfants, dont le mariage forcé. Lors des périodes de forte sécheresse en Ethiopie ou au Kenya par exemple, les familles contractent d’importantes dettes. Dans ce contexte dramatique, il arrive malheureusement que les enfants soient mariés ou réduits en servitude pour permettre le remboursement des dettes familiales.

Pourquoi ce n'est pas si simple Ethiopie

Halaku, 30 ans, maman éthiopienne entourée de ses 5 enfants : Keneni, 9 ans, Musa 4, Bilisae, 1, Usman ,9 et Iftu, 11. L’Ethiopie est un pays particulièrement touché par la pratique du mariage précoce, où actuellement 17,3 millions de femmes ont été mariées avant leurs 18 ans.

Les traditions et les coutumes

Dans de nombreuses régions du monde, les traditions ont une part importante dans l’organisation de la communauté et dans la prise de décision des familles. Le mariage précoce est souvent une pratique coutumière acceptée et peu remise en question, selon le postulat que la femme est exclusivement destinée à être mère et à s’occuper de la gestion du foyer.

A noter également que pour certaines communautés les coutumes et croyances fondées sur la religion priment sur l’application de l’âge légal du mariage. Par exemple, au Rajasthan, un état au nord de l’Inde dans lequel une femme sur deux est mariée avant ses 18 ans (ChildFund India, 2022), être mariée avant les premières règles permettrait « d’accéder au paradis ».

Enfin, les pressions sociales, qui découlent souvent des traditions, jouent un rôle prépondérant. En Inde toujours, jusqu’à son mariage, la chasteté d’une jeune fille est un marqueur de l’honneur de son père. Lorsque des rumeurs circulent sur une jeune fille au sein de la communauté, certains hommes vont préférer marier leur fille le plus tôt possible. De même, si une jeune fille est enceinte, le mariage peut être perçu comme la seule issue pour éviter le déshonneur de sa famille…

Pourquoi ce n'est pas si simple

Tradition indienne de dessin réalisé au sol avec des fleurs, fait par un groupe de jeunes filles.

Le manque d’accès aux soins et la méconnaissance en termes de santé sexuelle

Le manque d’infrastructures de santé et de personnels qualifiés dans de nombreuses régions du monde et la méconnaissance en matière de santé sexuelle et reproductive favorisent très largement les pratiques des mariages précoces.

En effet, de nombreux adolescents à travers le monde ne sont pas sensibilisés aux méthodes de contraception – souvent tabou - et quand ils le sont, n’ont pas nécessairement les moyens de les payer, ni les connaissances pour s’en servir ou pour se les procurer. Cette situation démultiplie les cas de grossesses précoces, qui favorisent les mariages forcés des adolescentes.

Le manque de protection des enfants et plus particulièrement des filles.

Des enfants sans identité

En 2019, le Fond des Nations Unies pour l’Enfance fait ce constat alarmant : 237 millions d’enfants de moins de 5 ans dans le monde n’ont pas d’acte de naissance, ils sont ce qu’on appelle des « enfants fantômes ». Ces derniers n’ayant pas d’existence légale, ils ne sont pas protégés contre toutes formes d’abus et d’exploitation comme le mariage précoce. Pour en savoir davantage sur les enfants fantômes, Retrouvez l’épisode 6 des Décodeurs, dédié au Droit à l’Identité.

Des enfants discriminés, des filles dévalorisées

Le déséquilibre des droits entre les filles et les garçons est une réalité pour de nombreux pays dans lesquels donner naissance à un garçon reste la préférence. Les filles sont davantage victime d’inégalités, d’injustices, de violence et d’abus ; le mariage précoce et forcé est également une manière de faire perdurer la soumission des filles à leur mari mais parfois aussi à leur famille.

Des enfants abusés

On estime à 120 millions le nombres de filles âgées de moins de 20 ans ayant subi un contact sexuel forcé (OMS, 2020). Or les abus sexuels, les viols infligés aux jeunes filles engendrent malheureusement une augmentation considérable des grossesses précoces non désirées, qui, comme vu précédemment, est l’une des principales causes de mariage d’adolescents. De plus, de nombreuses jeunes filles sont considérées encore aujourd’hui comme des marchandises : échangées contre de l’argent, elles deviennent alors victimes de ce qu’on appelle « la traite des êtres humains ».

A noter également, les dérives récentes concernant la marchandisation des enfants sur Internet et les réseaux sociaux : depuis la pandémie mondiale de 2020, on observe une tendance très alarmiste de la pratique des mariages précoces en ligne. Nous reviendrons sur la protection des enfants face aux nouvelles technologies dans un prochain épisode des Décodeurs.

Pourquoi ce n'est pas si simple 3 Ethiopie

Ayane, 28 ans, femme éthiopienne vivant dans une région reculée en Ethiopie et chargée d'aller chercher l'eau.

L’absence d’encadrement légal ou de respect de l’âge légal mariage.

Dans certains pays, l’âge légal pour se marier est de 15 ans, pour d’autres, il n’y a pas d’âge minimum. Dans d’autres cas encore, l’âge légal est d’au moins 18 mais celui-ci n’est pas toujours respecté, notamment dans les zones rurales, plus reculées, où les coutumes priment.

Enfin, dans certains pays où les droits des enfants et des femmes sont peu ou pas respectés, les autorités vont même jusqu’à encourager la pratique des mariages précoces dans un souci d’accélérer le renouvellement démographique de la population…

Si la grande majorité des mariages précoces concerne les filles – pour 85% - on recense actuellement 115 millions de garçons et d’hommes qui ont été mariés pendant leur enfance (Unicef, 2019).

Paroles d'experts

décodeurs 7

Comme le résume Marine Fouilland, Chargée de programmes de développement à Un Enfant par la Main, 

Les conséquences du mariage d’enfant sont multidimensionnelles : il prive du droit à la santé, entrave l’éducation, limite les perspectives de développement social, tout en faisant courir aux filles-épouses un risque accru de connaître la violence et les abus. De plus, l’étendue des effets néfastes de ce phénomène ne se limite pas aux seuls enfants mariés, mais touche également la génération future, qui est alors piégée dans une spirale de pauvreté. ».

A l’aide de nos experts, que nous avons interrogés, découvrons ensemble comment la pratique du mariage précoce prive les enfants de leurs droits fondamentaux et détruit les espoirs de millions d’enfants mariés de force.

Risque sur la santé des filles et des adolescentes : le mariage précoce tue

Maladies sexuellement transmissibles et infections

Maimouna Camara Sow, Sage-femme et Coordinatrice du projet d’ « Amélioration de la santé des adolescent(e)s et jeunes » – PASSAJE – à ChildFund Sénégal, nous explique : « à l’adolescence, les filles et les garçons sont vulnérables en raison de leur immaturité sur le plan physique, mental et social, liée à une croissance qui n’est pas encore achevée. Chez la fille, il y a la transmission VIH du fait qu’elle soit rarement en capacité de négocier des relations sexuelles protégées entre maris et femmes ». De plus, ajoute-t-elle, « les filles et les adolescentes sont également plus exposées aux infections de l’appareil génital », du fait de leur plus jeune âge.

Retrouvez l’intégralité de l’interview :

Le drame des grossesses précoces

De nombreuses jeunes filles mariées de force sont malheureusement exposées à une activité sexuelle précoce et non désirée qui peut avoir pour conséquence une grossesse non souhaitée. Selon l’étude du Guttmacher Institute en 2020, ce sont 21 millions de jeunes filles âgées de 15 à 19 ans qui tombent enceintes chaque année dans les régions du monde en développement. Environ 12 millions d’entre elles mettent au monde des enfants.

Que les mariages précoces en soient la cause principale ou la conséquence, les grossesses précoces entrainent des complications très importantes sur la santé des adolescentes et représentent la 2ème cause de décès dans le monde chez les filles de 15 à 19 ans. En effet les mères-adolescentes - c’est à dire âgées de 10 à 19 ans - ont un risque plus élevé d’éclampsie*, d’endométrite puerpérale ** et d’infections systémiques comparativement aux jeunes mères entre 20 et 24 ans (Organisation Mondiale de la Santé – OMS). A noté également que les risques d’accouchements précoces, de faible poids de naissance, ou d’affections néonatales graves pour les nourrissons sont accrus lors de grossesses précoces. Maimouna CAMARA SOW poursuit : « la mortalité infante-juvénile est beaucoup plus élevée chez les enfants issus des mères âgées de moins de 20 ans : nous sommes [au sein des communautés dans lesquelles elle intervient au Sénégal. NDLR] à 83 pour 1000 contre 54 pour 1000 chez les enfants dont les mères sont âgées de 20 ans à 29 ans ».

Autre point important, lorsque la grossesse précoce est la cause principale d’un mariage précoce, les adolescentes voulant y échapper, vont se mettre consciemment ou non en danger pour que la grossesse n’aille pas à son terme. Les avortements clandestins sont pour certaines jeunes filles la seule issue. Avec l’absence de suivi médical, d’accompagnement de personnel qualifié ou encore de matériels adéquats, de nombreuses jeunes filles meurent des suites de ces pratiques.

Dans les pays où l’avortement est illégal, les jeunes filles s’exposent également à des sanctions pénales. Désespérées, certaines jeunes filles abandonnent leur enfant pour ne pas subir la violence d’un mariage forcé. Pour cette même raison, les cas d’infanticides sont également plus nombreux…

Risque accrus de violences, d’isolement et de détresses psychologiques

Lorsqu’elles sont mariées jeunes, les femmes sont plus exposées aux violences domestiques de leur mari. Elles ont également plus tendance à légitimer les violences et abus physiques et psychologiques qu’elles subissent, n’étant pas informées sur leurs droits. C’est le cercle vicieux d’une constante dévalorisation de la femme qui se poursuit.

Une fois mariées, les jeunes filles se retrouvent isolées socialement. Elles ne peuvent pas vivre pleinement leur enfance ou leur adolescence. Éloignées de leur famille, de leurs amis, ne travaillant pas ou peu, elles sont exclusivement dédiées aux tâches inhérentes au foyer et au devoir d’enfantement. Tigist Tarekegn, experte en Protection de l’Enfant et Spécialiste du Plaidoyer à ChildFund Ethiopie, rencontre régulièrement des adolescentes et des jeunes femmes victimes de mariages forcées. « Elles développent un manque de confiance en elles ce qui contribue à renforcer leur dépendance [vis-à-vis de leur mari et de sa famille] », nous expose-t-elle.

Enfance volée, droits des enfants bafoués, consentement et individualité ignorés, le mariage précoce et forcé génère des situations de stress, d’anxiété et de dépression tellement forte, qu’elles poussent de nombreuses filles et jeunes femmes à tenter de fuir leur communauté ou à se suicider pour éviter cette union ou s’en échapper.

Risques d’abandon de l’école

Tigist Tarekegn, nous explique qu’« en Ethiopie, 7, 5 millions de femmes mariées le sont avant l’âge de 15 ans. Aussi, les jeunes filles voient diminuer considérablement leurs chances de réussite scolaire, certaines ne peuvent plus aller à l’école. ». En effet, une fois mariée, il est fréquent que les jeunes filles interrompent leurs études, alors même que l’éducation des mères est essentielle pour les enfants. Leur possibilité de se développer intellectuellement, de s’épanouir et de s’émanciper socialement et économiquement sont très faibles, et elles restent dépendantes de leur mari.
Sans qualification, isolées, les jeunes femmes ne travaillent pas ou ont des perspectives d’emploi très limitées, c’est la spirale de la pauvreté qui perdure.
Retrouvez l’intégralité de l’interview de Tigist TAREKEGN.

A noter : lorsqu’un garçon ou un adolescent est marié de force, il va également être contraint de quitter l’école – un peu plus tardivement que les jeunes filles néanmoins - pour trouver un travail et subvenir aux besoins de la famille.

Pour en savoir plus sur le CIDE (Convention internationale des droits des Enfants) : écoutez le podcast « Rêves d’enfants », le podcast d’Un Enfant par la Main, épisode 6 : comprendre les droits de l’enfant : être un enfant dans le monde !

Dans les coulisses de l'Association

Coulisse asso Kenya

Réunion d'un club des droits de l'enfant, dans le comté de Tharaka-Nithi, au Kenya

La lutte contre le mariage précoce est une action primordiale pour protéger les enfants et leur permettre de devenir des acteurs autonomes au sein de leur communauté. Nous nous sommes penchés sur les multiples solutions (non exhaustives) qu’il est possible de mettre en place avec les familles, les professionnels de santé, les autorités locales et bien sûr avec les enfants, afin que leurs droits soient respectés et leur avis, pris en compte.

  • Lutte contre la pauvreté. En travaillant auprès des familles pour qu’elles puissent développer leurs sources de revenus, nous agissons directement pour le droit des filles. Par exemple, dans les zones très reculées où nous opérons, la majorité des familles dépendent du secteur agricole et de leurs récoltes. Pour leur permettre d’accroître leurs rendements, nous les formons à des techniques plus performantes d’agriculture, d’élevage et de santé animale, adaptées à leur contraintes et environnement. En Haïti par exemple, nous favorisons ce que nous appelons les « échanges agricoles » : des paysans d’une régions vont échanger avec les paysans d’une autre région, plus en difficulté, pour développer de meilleures pratiques. Nous accompagnons les familles pour faire l’acquisition de variétés de semences de meilleure qualité, à la fois plus résistantes et aux rendements supérieurs. Nous soutenons également la création de pépinières et d’autres activités qui permettent aux familles de vendre le fruit de leurs récoltes et de leurs élevages ou de le consommer. Nous agissons donc en parallèle sur le développement de l’accès à la nutrition. Les familles ayant des revenus plus stables et pouvant mieux nourrir leurs enfants sont moins enclines à obtenir une dot en échange du mariage de leur jeune fille.
  • Encouragement à l’autonomie financière des femmes. Au Sénégal, nous mettons en place des systèmes de micro-crédits auprès des groupes de femmes. Elles peuvent ainsi développer des petits commerces, épargner pour les études de leurs enfants etc. Elles contribuent à l’augmentation des revenus du foyer et en même temps elles développent leur rôle au sein de leur communauté, prennent davantage confiance en elles et ont un rôle moteur pour briser le cercle vicieux des mariages précoces.
Coulisse Asso Awa Senegal

Awa, 20 ans, participe à une réunion d'un club de jeunes, ouvert aux 15-24 ans, dans la région de Ziguinchor, au Sénégal. Ces clubs permettent aux jeunes de se réunir, sensibiliser aux problèmes de leurs communautés, acquérir des compétences en leadership et discuter des opportunités d'engagement civique et de soutien éducatif.

  • Renforcement des déclarations des enfants à la naissance. Au Sénégal et à Madagascar notamment, nous mettons en place des projets pour accompagner les familles afin qu’elles inscrivent leurs enfants à l’état civil. Par exemple, nous travaillons avec les autorités locales pour que des équipes de l’état civil aillent directement à la rencontre des familles qui n’ont pas les moyens de se déplacer pour déclarer leur enfant, ou ne savent pas que cela est nécessaire. L’obtention d’une identité leur assurera un droit à la protection et leur permettra par exemple de poursuivre leurs études au collège, de s’insérer ensuite dans le monde professionnel et d’être autonomes. Ces conditions sont indispensables pour faire reculer la pratique des mariages précoces. Pour en savoir plus, retrouvez le Décodeurs 6 sur le Droit à l’identité
  • Développement de l’accès à l’éducation. C’est un fait, plus les jeunes filles sont scolarisées tard, plus cela va retarder le risque d’un mariage précoce. Par conséquent, nos actions en faveur de l’accès à une éducation de qualité au plus grand nombre est un facteur incontournable dans la lutte contre le mariage des enfants. Par exemple, nous construisons ou réhabilitons des écoles dans des régions qui n’offrent pas, ou très peu, d’opportunités d’aller à l’école. Nous formons les équipes enseignantes, agissons proactivement auprès des familles et des autorités locales pour que la scolarisation soit une priorité en termes d’allocations budgétaires, d’installations et d’inclusion.
    Au sein des écoles, toujours dans l’objectif de développer en parallèle l’accès à l’alimentation, nous mettons en place des cantines scolaires qui sont co-gérées par les parents et les équipes éducatives. Là encore, lorsque les familles ont la garantie que leur enfant recevra un plat chaud chaque jour, elles sont plus enclines à poursuivre sa scolarisation. En savoir plus sur les cantines scolaires dans l’épisode 5 des Décodeurs.
    Nous combattons également les inégalités de genre à l’école, qui, bien souvent vont conduire au décrochage scolaire de nombreuses jeunes filles. Par exemple, nous construisons des sanitaires clos, fonctionnels et adaptés pour que les filles puissent se rendre aux toilettes en toute quiétude pendant leurs règles, nous distribuons des serviettes hygiéniques pour qu’elles ne manquent pas la classe à certaines périodes du mois.
  • Développement de l’accès à la santé. La réhabilitation ou la construction de centres de soins dans des régions particulièrement isolées et vulnérable ainsi que la sensibilisation et formation des professionnels de santé sont des priorités pour mieux accueillir les enfants et les familles et mieux accompagner les enfants en termes prévention, de santé sexuelle, services obstétricaux et néonatals d'urgence en cas de grossesses précoces mais également en cas de détresse psychologique.
Coulisse Asso Club Droits MADA

Groupe d'enfants participants à un club de droits à Madagascar

  • Sensibilisations des parents aux pratiques néfastes du mariage précoce. Il est primordial d’informer les parents sur les droits des enfants et sur les conséquences du mariage d’enfants notamment en termes d’abus et de grossesses précoces (image 2 ci-dessous). Dans les pays dans lesquels nous travaillons et pour lesquels ces problématiques sont importantes, des séances de sensibilisation sont menées par des personnes qualifiées de l’association, ses partenaires ou des associations locales. L’objectif est de confronter les coutumes et les habitudes avec le principe du respect des droits des enfants, tout en écoutant ce que chacun a à dire. L’idée n’est pas d’imposer un point de vue mais de réfléchir ensemble à des solutions pérennes dans l’intérêt des enfants. Par exemple, dans la région de Morefano à Madagascar , plusieurs événements, fêtes, sont mis en place pour rassembler les familles et prendre le temps d’expliquer de manière pédagogique comment les choses peuvent évoluer concernant le mariage précoce.
Coulisse de l'asso

Campagne de sensibilisation à Madagascar pour lutter contre les sévices physiques et violence au sein des familles

  • Sensibilisation des enfants à leurs droits, développement de leur confiance en eux et de leur estime de soi. Ces ateliers sont primordiaux pour permettre aux enfants, et notamment aux jeunes filles, de prendre conscience de leurs qualités et capacités. Par exemple, nous aidons les jeunes des communautés à s’impliquer davantage et à former des groupes de paroles au sein de leur école et/ou de leur village. En Inde, par exemple, nous mettons en place des formations « Comment être un enfant reporter » permettant d’accompagner les enfants à s’exprimer en public, à connaître leurs droits et les faire valoir, et ainsi devenir des acteurs des changements au sein de leur communauté. A lire dans cet épisode des Décodeurs : le témoignage de Sita, 11 ans - rubrique Regard d’Enfant.Autre exemple, à Madagascar, par exemple la création de Clubs Droits , qui vont aborder avec les enfants, de manière ludique, leurs droits et les sensibiliser aux bonnes pratiques en cas de violation de ces droits.
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Forum organisé par ChildFund dans la région sud de Wollo, en Ethiopie, avec les femmes, les enfants et les affaires sociales pour sensibiliser aux dangers des mariages précoces.

  • Développement de la prise en compte des victimes d’abus. Nous mettons également en place des campagnes d’affichages et des spots radio pour permettre pour expliquer au sein de leur communauté comment il est possible d’alerter ou de demander de l’aide. Par exemple en Inde, un numéro d’urgence gratuit -ChildLine 1098 , dédié aux mariages précoces - est mis à disposition pour les jeunes et adolescents.
    Nous travaillons également avec les jeunes pour former des groupes de soutien qui viennent en aide à d’autres enfants de la communauté à parler des abus dont ils sont victimes. Ces groupes composés de jeunes et d’adultes bénévoles sont dédiés à la protection des enfants et vont agir en cas de d’abus comme le mariage forcé. Ils travaillent en lien avec les autorités locales, les services de police et les juges afin que la voix de chaque enfant soit entendue.
  • Sensibilisation et implication des autorités locales. Pour que les familles puissent bénéficier d’un accompagnement adéquat, il est nécessaire que les acteurs de la collectivité locale puissent comprendre les enjeux et les risques des mariages précoces afin de définir un plan d’action et d’allouer les ressources nécessaires. En Inde, par exemple, nous travaillons en étroite collaboration avec les panchayats - gouvernements locaux conçus pour fonctionner au sein des villages – afin qu’ils puissent agir concrètement en termes de prévention des risques du mariage précoce.
  • Actions de plaidoyer auprès des gouvernements nationaux pour renforcer et faire appliquer les lois existantes. Nous intervenons auprès des autorités dans les campagnes reculées, où les coutumes sont les plus présentes, pour qu’ils participent à la lutte contre les mariages précoces en faisant reculer ou appliquer l’âge minimum légal par exemple, et en condamnant pénalement toute forme d’abus.

Regards d'enfants

En Inde, 1 jeune fille sur 2 est mariée de force. Récemment, nous avons rencontré Sita et d’autres enfants et adolescents qui nous expliquent comment, à leur échelle, ils agissent pour empêcher les mariages précoces au sein de leur communauté. Retrouvez leurs témoignages !

Sita, âgée de 11 ans, vit dans les bidonvilles de Firozabad, une petite ville au nord de l’Inde. Elle est intervenue pour empêcher le mariage d’une amie et témoigne aujourd’hui.

Sita

 J’assistais à une des formations pour enfants reporters organisée par ChildFund quand j’ai appris que mon amie Pooja avait abandonné l'école et était fiancée à un homme beaucoup plus âgé. Grâce à la formation, je savais qu'un mariage aussi jeune violait le droit de mon amie. Avec mes amis, nous avons tenté de raisonner la mère de Pooja en lui disant qu'elle était trop jeune pour se marier et que

ses études étaient importantes. Mais elle ne voulait pas nous écouter. Nous avons donc appelé le numéro de India's ChildLine. Les fonctionnaires sont venus et ont parlé à la mère de Pooja, qui a finalement accepté d’annuler le mariage. Après, j’ai aidé mon amie à s'inscrire dans une école publique car elle a besoin d'étudier et de jouer. De plus, nous savons que le mariage des enfants est illégal ! Quand je serai grande, j’aimerais être médecin et je rêve du jour où Firozabad pourra être un endroit sûr pour les enfants.

Krishna et Santi avaient décidé de marier leur fille, Guddi, 16 ans. Tous les trois partagent leur expérience dans une vidéo bouleversante.

Témoignage de Guddi et de ses parents en Inde

LEXIQUE :
* Eclampsie : il s'agit de crises convulsives, potentiellement fatales, provoquées par une hypertension artérielle intracrânienne trop importante chez la femme enceinte.
** L'endométrite puerpéral est l'inflammation de l'endomètre, une muqueuse qui tapisse la cavité de l'utérus. Elle est toujours causée par une infection, comme les infections sexuellement transmissibles. Si elle n’est pas soignée à temps, elle peut être fatale.

Pour aller plus loin

Ecouter le podcast « Rêves d’enfants », le podcast d’un Enfant par la Main, épisode 6 : Comprendre les droits de l’enfant : être un enfant dans le monde !

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