Lutter contre la malnutrition infantile : Le projet SALAMA, une réponse durable à Madagascar

À Madagascar, la malnutrition infantile est une crise silencieuse qui touche près de 50 % des enfants. Ce fléau est particulièrement préoccupant dans les zones rurales, où les familles souffrent d’une insécurité alimentaire chronique due à des pratiques agricoles limitées, un accès restreint aux infrastructures sanitaires et les effets du changement climatique.

Dans les communes rurales d’Antanetibe Mahazaza et de Fihaonana, situées dans la région d’Analamanga, la situation est critique. Les habitants dépendent largement de l’agriculture, mais celle-ci est fortement affectée par des inondations fréquentes, des périodes de sécheresse prolongées et l’érosion des sols. De plus, l’accès à l’eau potable et aux infrastructures sanitaires reste insuffisant, ce qui aggrave la malnutrition et les problèmes de santé des enfants.

Face à ces défis, le projet SALAMA a été conçu pour améliorer durablement la nutrition des enfants et des familles, en intégrant plusieurs volets essentiels :

• alimentation scolaire,
• développement agricole,
• accès à l’eau,
• sensibilisation aux droits de l’enfant

Un projet soutenu par des acteurs engagés

Le projet SALAMA est mis en œuvre par Un Enfant par la Main en partenariat avec Amadea et l’Association Enfants d’Antananarivo (AEA).

Le projet bénéficie d’un financement de l’Agence Française de Développement (AFD) à hauteur de 510 000 € sur trois ans, pour un budget total de 864 043 €. Il bénéficie également de la contribution significative de la Fondation Wavestone, ainsi que du cofinancement provenant des 728 parrainages du programme Vahatra, qui œuvre depuis plusieurs années pour améliorer les conditions de vie des enfants et de leurs familles à Madagascar, en mettant l’accent sur l’éducation, l’agriculture et la nutrition. En outre, des partenaires tels que les Fondations Bel et Sancta Devota apportent également leur soutien à ce projet, renforçant ainsi son impact et sa portée.

Une approche globale pour lutter contre la malnutrition

Le projet SALAMA repose sur trois objectifs majeurs, chacun visant à agir sur les causes profondes de la malnutrition et à instaurer des solutions pérennes.

1. Améliorer durablement la nutrition en milieu scolaire

Cantine scolaire dans une des 11 écoles du programme Vahatra.

Dans les deux communes ciblées, la période de soudure alimentaire impacte fortement le statut nutritionnel des enfants et leurs performances scolaires. Les infrastructures sanitaires dans les écoles sont insuffisantes, exposant les élèves à des maladies aggravant leur état de santé.

Les actions mises en place :

• Création et gestion de cantines scolaires communautaires fournissant des repas équilibrés à plus de 1 900 élèves.
• Construction de 8 cuisines et 2 réfectoires pour assurer une préparation des repas dans des conditions d’hygiène optimales.
• Mise en place d’un circuit court d’approvisionnement, avec 80 % des denrées alimentaires achetées localement pour soutenir l’agriculture locale.
• Suivi nutritionnel et déparasitage des enfants pour améliorer leur état de santé général.
• Construction de 2 blocs sanitaires et 4 forages pour garantir un accès sécurisé à l’eau et améliorer les conditions d’hygiène en milieu scolaire.

L’objectif de ces actions est d’augmenter le taux d’enfants adoptant de bonnes pratiques d’hygiène, le faisant passer de 30 % à 75 % d’ici à la fin du projet.

2. Accompagner les familles rurales pour une production alimentaire durable

Formation à la pisciculture.

L’agriculture joue un rôle clé dans la sécurité alimentaire. Pourtant, dans les communes ciblées, de nombreux producteurs manquent de formations adaptées et d’équipements pour diversifier leurs cultures et améliorer leur rendement.

Les actions mises en place :

• Formation de 890 agriculteurs (dont 757 femmes) aux pratiques agricoles durables et à la gestion des exploitations.
• Encadrement de producteurs spécialisés en pisciculture, cuniculture et sériciculture pour favoriser des activités génératrices de revenus.
• Fourniture d’équipements agricoles et intrants pour améliorer la qualité et la diversité des productions.
• Construction de 20 bassins d’irrigation individuels pour assurer une meilleure gestion de l’eau et lutter contre la sécheresse.

Grâce à ces actions, l’objectif est qu’au moins 60 % des agriculteurs formés intègrent des pratiques durables et diversifient leur production, assurant ainsi une alimentation plus variée et de meilleure qualité pour leurs familles ainsi que pour les cantines scolaires.

3. Sensibiliser et promouvoir le droit à l’alimentation des enfants

Club Droits à Ambohiboahangy.

Les enfants sont les premières victimes de la malnutrition, qui impacte leur développement physique et intellectuel. Pour les aider à devenir acteurs de leur propre avenir, le projet SALAMA met en place des actions de sensibilisation.

Les actions mises en place :

• Création de 3 Clubs Droits dans les écoles pour informer les enfants sur leurs droits fondamentaux, notamment celui à une alimentation saine.
• Organisation de 6 événements de plaidoyer impliquant les enfants et les jeunes leaders pour sensibiliser les autorités locales.
• Élaboration et diffusion de supports pédagogiques (livrets, affiches, peintures murales) pour renforcer l’éducation nutritionnelle.
• Formation des parents, enseignants et autorités locales pour une meilleure prise en charge nutritionnelle des enfants.

L’objectif est qu’au moins 90 % des enfants membres des Clubs Droits soient capables de défendre leurs droits et de sensibiliser leur entourage.

Des actions concrètes pour un changement durable en milieu rural

Le projet SALAMA ne se limite pas à une réponse immédiate à la malnutrition, il vise également à instaurer un changement structurel profond et durable.

• Les cantines scolaires fonctionneront sur un modèle communautaire autonome pour garantir leur pérennité.
• Les familles auront accès à des formations et des équipements agricoles adaptés, leur permettant d’assurer leur propre sécurité alimentaire.
• Les enfants seront mieux informés sur leurs droits, favorisant un environnement où la nutrition et la santé seront des priorités.

En intégrant les communautés locales dans la mise en œuvre du projet, SALAMA s’assure que ses bénéfices perdureront bien au-delà des trois années de financement.