Népal: Un an après le séisme, où en est la reconstruction !
Interview de Nana Hosoi, Directrice exécutive des programmes de ChildFund Japon
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Le 25 avril et le 12 mai 2015, 2 puissants séismes ont ébranlé le Népal, plongeant 8 millions de personnes dans le dénuement le plus total et causant la mort de 9000 personnes.
Au lendemain de la catastrophe, notre partenaire ChildFund Japon présent au Népal depuis de nombreuses années, est intervenu en urgence pour aider les victimes.
Un an après cette tragédie, nous vous adressons une évaluation de la situation et des actions mises en place grâce à votre formidable mobilisation.
Pour vous, nous avons recueilli le témoignage de Nana Hosoi, Directrice exécutive des programmes de ChildFund Japon.
Un an après les tremblements de terre, comment décrivez-vous la situation au Népal ? Que reste-t-il à faire ?
La population continue de vivre dans des conditions difficiles. Beaucoup de familles vivent encore dans des abris de fortune et souffrent de l’hiver rigoureux. La crise du pétrole qui a duré de septembre à février rend encore plus difficile l’acheminement de produits alimentaires et le transport de matériel à destination des populations dans le besoin. Les moyens de cuisson sont précaires, dû au manque de gaz et les transports en commun au sein du village ou vers la ville principale sont perturbés à cause du manque de pétrole.
Malgré cela, les hommes et les femmes népalais sont incroyablement courageux. Ils ont survécu au pire et surmontent ces obstacles pour reconstruire leur vie. Les enfants ont montré des signes évidents de stress et de fatigue au quotidien avec des symptômes comme la toux et le manque d’attention. Toutefois, on constate que les enfants se rendent régulièrement dans les abris temporaires d’apprentissage car ils aiment se retrouver entre camarades.
Les équipes locales travaillent étroitement avec les écoles pour surveiller les conditions des enfants et ainsi répondre à leurs besoins. Les bâtiments scolaires endommagés ont fini d’être détruits manuellement pour éviter tous dangers supplémentaires. Les abris temporaires d’apprentissage ont été conçus pour durer deux ans, mais à cause des conditions météorologiques difficiles, le matériel s’use plus rapidement que prévu.
ChildFund a donc fourni un soutien supplémentaire pour aider les écoles à se préparer fasse à l’hiver en isolant le sol des salles de classe, les murs et les toits pour que le vent froid ne pénètre pas.
La rénovation des écoles de ChildFund et le plan de reconstruction ne dépendent plus que de la signature de la convention par le gouvernement népalais.
Quels sont les obstacles que doivent surmonter les Népalais ? Les gens craignent-ils de nouvelles secousses, y a-t-il un espoir un an après ?
Les familles sont concentrées sur la façon dont elles peuvent reconstruire leur maison et comment elles peuvent améliorer leur condition de vie. Elles n’ont ni ressources, ni économies, alors ces familles attendent beaucoup du gouvernement népalais et des ONG pour les épauler et couvrir leurs besoins. Beaucoup de familles ont dû trouver des moyens d’améliorer leurs abris de fortune pour les rendre plus habitables jusqu’à ce qu’elles puissent de nouveau gagner de l’argent ou bien recevoir une aide du gouvernement afin de démarrer la construction d’une habitation décente.
Certaines familles, nous disent que leurs époux se sont plongés dans l’alcool, rongés par le désespoir. Ainsi, le soutien apporté par les ONG comme ChildFund, permettent aux familles de retrouver l’espoir.
Plusieurs chefs de famille nous ont fait savoir qu’ils avaient retrouvé un sens à leur vie en étant impliqué dans la reconstruction de leur pays et en ayant des responsabilités.
Les secousses vécues lors de ces deux séismes sont omniprésentes dans l’esprit de la population. Un an après, la peur de nouvelles répliques est encore là, et il est évident qu’il faudra du temps pour retrouver de la sérénité.
Quelle est l’action de ChildFund pour panser les blessures des enfants ?
Juste après les séismes, les enfants ont été vus avec leur mère. Ils avaient peur de se retrouver loin d’elles. Lors de l’installation des centres de réconfort, les enfants ont lentement lâché prise et se sont intéressés aux activités proposées dans les centres. Ils ont pu se reconstruire petit à petit et reprendre confiance en eux, en la vie. Les parents étaient, quant à eux, les premiers effrayés. Ils hésitaient à envoyer leurs enfants aux centres de réconfort ou à l’école. Ils avaient peur de se retrouver éloignés d’eux si un autre tremblement de terre se produisait. Aujourd’hui, les parents ont de moins en moins peur et commencent à travailler pour reconstruire leur maison et leur vie.
Dans les écoles, les enseignants surveillent les élèves qui montrent des signes de détresse et qui peuvent être dus au traumatisme du séisme. Certains élèves se mettent à l’écart, regardent dans le vague, d’autres, sont complétement négligés et la plupart sont effrayés au moindre bruit. Pour remédier à ces situations, nous formons les enseignants afin qu’ils puissent détecter ces signes de traumatisme et leur apporter une première aide psychologique.
Dans les écoles, les enseignants surveillent les élèves qui montrent des signes de détresse et qui peuvent être dus au traumatisme du séisme. Certains élèves se mettent à l’écart, regardent dans le vague, d’autres, sont complétement négligés et la plupart sont effrayés au moindre bruit. Pour remédier à ces situations, nous formons les enseignants afin qu’ils puissent détecter ces signes de traumatisme et leur apporter une première aide psychologique.
Quels sont les défis dans la reconstruction ? Quels ont été les obstacles rencontrés par les équipes d’intervention ?
Difficultés logistiques : Après de longs mois de blocus entre l’Inde et le Népal, les travaux de réhabilitations des infrastructures telles que la construction d’école, de salles de classe et les habitations n’ont finalement démarré qu’en février 2016. Ce blocus a eu des conséquences importantes : rupture de carburant, de matériaux de construction, pénurie alimentaire… le retour à la normale va prendre du temps, d’autant que beaucoup d’entreprises népalaises ne sont toujours pas opérationnelles. Par ailleurs, la mise en place récente, de services gouvernementaux de supervision des constructions a été longue à s’organiser pour mettre en place des procédures de gestions de l’aide au logement, de même que l’établissement de propositions d’architecture de maisons suite aux nouvelles normes de constructions antisismiques.
Difficultés matérielles : les tremblements de terre ont été si violents qu’ils ont affecté une grande partie du pays. Par son enclavement, le Népal ne peut compter que sur les pays voisins, en particulier l’Inde, pour faire face aux difficultés quotidiennes dans le manque de matériel. Il a été très difficile de trouver un lieu pour stocker le matériel de secours. Le personnel de ChildFund a dédié ces bureaux pour pouvoir stocker le matériel et les équipes ont empaqueté les produits alimentaires et non alimentaires durant toute la nuit afin qu’ils puissent être distribués dès le matin.
Tous les membres de l’équipe ont été touchés par les séismes, leurs maisons ont été endommagées et certains ont perdu des membres de leur famille.
Le personnel a fait face à cette situation en poursuivant son travail d’urgence humanitaire.
Des formations en psychologie ont été dispensées au personnel afin qu’ils puissent apprendre à gérer le traumatisme et ainsi, aider les autres victimes.
À ces difficultés s’ajoutent le délestage en cours où l’électricité est rationnée entre 11 et 12 heures par jour, ce qui rend encore plus difficile la mise en place des travaux.
Avec la pénurie de pétrole, les générateurs ne peuvent pas être utilisés pour combler le manque d’électricité. De même, les conditions météorologiques laissent peu de temps pour les travaux de construction qui ne peuvent s’effectuer que de mars à mai et de septembre à octobre.
Avec la pénurie de pétrole, les générateurs ne peuvent pas être utilisés pour combler le manque d’électricité. De même, les conditions météorologiques laissent peu de temps pour les travaux de construction qui ne peuvent s’effectuer que de mars à mai et de septembre à octobre.
Aujourd’hui, comment la communauté internationale, et notamment les Français peuvent-ils aider les Népalais ?
Grâce à votre générosité, les équipes locales se sont mobilisées au lendemain de la catastrophe pour répondre aux besoins les plus urgents des populations vivant dans les districts de Sindhupalchowk et Ramechhap.
Nous avons ainsi pu :
- distribuer des rations alimentaires, et des biens de première nécessité tels que des couvertures, des bâches, des tentes et des ustensiles de cuisine,
- installer des abris d’urgence,
- mettre en place des abris temporaires d’apprentissage pour les enfants, mais aussi des centres de réconfort.
Ces 12 derniers mois, nous avons maintenu nos actions en apportant de l’aide à des milliers de personnes et avons entrepris des travaux de reconstruction d’habitations et d’écoles pour protéger les enfants du trafic, et reloger les familles. Le pays entame à peine sa reconstruction, c’est pour cette raison que votre élan de solidarité doit continuer. Aussi, un an après les tremblements de terre, notre priorité est aujourd’hui de construire des écoles, de réparer des salles de classes. Nous devons tout mettre en œuvre, pour les construire maintenant, car durant la mousson et l’hiver tout deviendra plus compliqué.
Merci pour votre mobilisation !
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