Regards Croisés entre deux Ambassadrices et marraines, Marie-Sophie Lacarrau et Caroline Delage, à la rencontre de leurs filleules
Les plus belles histoires
Engagée depuis 2016 aux côtés d’Un Enfant par la Main, Marie-Sophie Lacarrau, journaliste aux commandes du 13h de TF1, s’est rendue en avril dernier au Sénégal à la rencontre de sa filleule, Salimata qui vit à Ouakam, un ancien quartier de pêcheurs de Dakar. Accompagnée de Maud Lhuillier, Directrice de l’Association, Marie-Sophie Lacarrau a également pu découvrir le travail accompli en matière des droits des enfants et mesurer l’efficacité du parrainage et des dons en faveur de projets concrets.
Quant à Caroline Delage, journaliste sur C8, productrice et marraine depuis 2019, elle s’est envolée, avec sa famille, à Madagascar pour rencontrer, le 9 août dernier, la jeune Hortensia, âgée de 13 ans et sa famille ! Ce voyage a été l’occasion de découvrir nos actions et d’en apprendre davantage sur notre travail auprès des enfants et des communautés au sein du programme de parrainage Vahatra, situé dans la commune rurale d’Antanetibe – Mahazaza en partenariat avec Amadea.
À leur retour de voyage, nous leur avons posé quelques questions.
En quoi ce voyage change-t-il votre vision du parrainage et de la solidarité ?
MSL : Ce voyage conforte ma conviction que le parrainage peut vraiment changer la vie d’un enfant. J’ai d’ailleurs rencontré plusieurs alumni à Dakar, des anciens enfants parrainés, et l’un d’entre eux devenu maire d’une ville de 40 000 habitants avec deux Masters en poche m’a dit : « merci pour ce que vous faites et merci à tous les autres parrains.
Dites-leur bien une chose : vous ne changez pas des vies, vous créez des vies ! » Quelle phrase !
J’ai aussi pu constater combien les jeunes qui sont aidés par l’Association se prennent en main et s’engagent eux-mêmes. Des groupes de leaders sont créés et ils veulent que les choses bougent, ils prennent la parole sur des sujets importants et font émerger des projets qui méritent d’être menés.
CD : Je me suis rendu compte que l’argent des parrains, mutualisé, servait à améliorer les conditions de vie à l’école, à recruter et former des enseignants, à offrir un repas le midi aux enfants, à aider les parents à gagner plus d’argent pour éviter que leurs enfants n’aient à travailler dans les champs avec eux au lieu d’aller à l’école.
Comment se prépare-t-on à un voyage humanitaire ?
MSL : En se mettant à la totale disposition et au service de l’Association qui maîtrise tous les impératifs et qui élabore le programme dans ses moindres détails. L’objectif est d’en voir le plus possible et de témoigner toute notre reconnaissance et nos encouragements aux personnes sur place.
CD : On s’y préparait depuis longtemps ! Surtout qu’on devait y aller un an plus tôt, mais que cela a été annulé à cause de la Covid ! On s’attendait à ressentir des émotions. Cela a été au-delà de ce qu’on avait imaginé. On avait préparé 2 valises de cahiers, crayons, livres, jeux et autres objets à laisser à l’école et au collège pour les enfants. Nous avions aussi préparé des petits cadeaux spécifiques à Hortensia, et notamment une très jolie boîte de crayons de couleur et des attrape-rêves à fabriquer elle-même.
Qu’avez-vous pu découvrir du programme de parrainage de votre filleule ?
MSL : Avec ce voyage, j’ai vraiment compris tout ce que le parrainage permet d’apporter à une communauté au-delà de l’aide à l’enfant. Avec l’argent versé par les parrains, des actions très concrètes sont menées et elles profitent à de nombreux enfants, pas forcément parrainés. C’est très positif sur le terrain. Par exemple, j’ai pu visiter un centre dédié à la petite enfance qui accueille une centaine d’enfants de 3 à 6 ans, l’équivalent de notre maternelle en France. Ce centre a entièrement été financé par les parrainages. À Tivaouane, à 1 h 30-2h de Dakar, j’ai aussi pu visiter un collège où un programme GHM (Groupe Hygiène Menstruelle) est mené. Trop de jeunes filles ne vont pas en cours quand elles ont leurs règles parce qu’elles sont considérées comme impures, parce qu’elles n’ont pas de protections hygiéniques et/ou parce qu’il n’y a pas de sanitaires pour elles. L’association a donc construit des sanitaires tout neufs et adaptés, elle a monté un atelier couture pour que les jeunes filles créent leurs propres protections lavables et elle fait évoluer les mentalités en brisant ce tabou des menstruations. Des garçons participent également, c’est remarquable et encourageant.
Chaque soir, je me couchais pleine de tout ce que j’avais vécu dans la journée. Mes moments avec Salimata et aussi avec tous les membres de l’association et toutes les personnes qu’ils m’ont fait rencontrer. Je me disais qu’il y a fort à faire, que la tâche est immense et qu’il faut continuer.
CD : Nous avons visité toutes les activités agricoles qu’Amadea – le partenaire d’UEPLM – met en place avec les familles pour les aider à augmenter leurs revenus (cuniculture, pisciculture, culture de betterave, arbres fruitiers…)
J’ai aussi eu la joie de poser la première pierre d’une future salle de classe qui va être construite grâce à l’aide d’Un Enfant par la main. J’ai rencontré toute l’équipe éducative de l’ancienne école d’Hortensia, le directeur de son collège. Toutes les équipes sur place font un travail formidable et admirable !
Quel a été votre plus beau souvenir ?
MSL : Mon plus beau souvenir reste bien sûr ma rencontre avec Salimata dans sa classe. Ce moment, où je l’ai regardée dans les yeux, où je lui ai murmuré « c’est toi ? » et où sans me répondre, elle a couru dans mes bras. Quelle étreinte ! Sans aucun mot ! Elle me serrait fort et moi aussi. Nous sommes restées ainsi un long moment. C’était vraiment très intense. Enfin, elle était là, près de moi, cette petite fille à laquelle je pense si souvent.
CD : Le moment où Hortensia est arrivée avec sa maman, l’émotion de la rencontrer et en même temps la gêne de ne pas savoir comment lui dire à quel point j’étais heureuse de la voir. Et aussi de l’observer jouer un peu plus tard dans la journée avec mes filles. J’ai également beaucoup aimé le repas que nous avons pris tous ensemble avec les équipes du collège, celles d’Amadea, celles d’Un enfant par la main, Hortensia, sa maman et ma famille dans l’une des salles de classes du collège. C’était un moment très convivial et joyeux. Hortensia est une jeune fille très timide, très pudique. Il est difficile de savoir ce qu’elle ressent. Mais j’ai eu l’impression qu’elle se sentait à l’aise avec notre famille, qu’elle était bien et heureuse qu’on vienne lui rendre visite. Nous avons été très touchés de savoir qu’elle avait marché deux heures pour venir à notre rencontre, et qu’elle devrait faire la même chose pour rentrer chez elle. C’est ce qu’elle fait tous les jours pour aller au collège. Sa maman et sa tante se sont montrées très reconnaissantes.
Et le plus difficile ?
MSL : Le plus difficile reste le moment où il a fallu la quitter, lui dire au revoir… sans savoir quand nous nous reverrons. Mamadou, Directeur des programmes de ChildFund Sénégal, a commencé à nous préparer toutes les deux plusieurs fois, en nous disant que cela n’allait pas tarder, qu’il allait falloir y aller…
Nous faisions, je crois, un peu comme si nous ne l’entendions pas.
Évidemment, je prévois déjà de retourner la voir.
CD : Quand nous sommes repartis, après avoir passé quelques heures avec elle seulement.
Quels sont vos souhaits pour l’avenir de ces enfants ?
MSL : Dans l’immédiat, j’aimerais que davantage de projets en attente faute d’argent soient menés et concrétisés. C’est difficile de voir que les besoins sont là, de savoir que l’on a les réponses et de devoir attendre. Je vous cite un exemple. Le centre dédié à la petite enfance que j’ai visitée à Ouakam est déjà plein, il ne peut pas accueillir davantage d’enfants. Si un autre était construit, il fonctionnerait déjà à plein et potentiellement, ce serait donc une centaine d’enfants supplémentaires qui seraient accompagnés, encadrés et nourris au moins une fois par jour. Au Sénégal, 30% de la société vit sous le seuil de pauvreté avec moins de 1,25$/jour et selon des chiffres de 2014, 1 enfant sur 4 âgé de 5 à 17 ans est occupé économiquement, autrement dit travaille. J’ai croisé aussi des enfants mendiants aux carrefours, dans les rues.
Ce n’est pas admissible. À cet âge-là, un enfant devrait simplement penser à jouer et apprendre.
CD : Que le fait d’aller à l’école soit moins compliqué et complètement évident, qu’ils puissent accéder à un avenir meilleur que celui de leurs parents, et transmettre à leur tour. Je rêve de pouvoir accueillir Hortensia un jour en France.
Un message, pour celles et ceux qui vous lisent, et qui hésitent encore à parrainer ?
MSL : Je comprends que 25, 28 ou 30 euros soient une somme pour certains, mais si vous le pouvez, si vous en avez les moyens, n’hésitez pas une seconde !
Vous développerez un lien unique avec votre filleule ou filleul que vous verrez grandir à travers des lettres et des photos. Vous l’accompagnerez à distance vers une vie meilleure et vous le ferez entrer dans un programme qui l’aidera à faire respecter ses droits.
Ainsi, et je me répète tellement ses mots m’ont marquée, comme me l’a dit un ancien enfant parrainé à Dakar, « vous ne changez pas des vies, vous créez des vies ».
CD : Je voudrais surtout remercier Un Enfant par la main de nous avoir permis de vivre ce moment qui restera gravé dans nos mémoires.
Ces enfants ont des droits, aidons-les !
À lire également : Marie-Sophie Lacarrau, Ambassadrice de l’Association en immersion au Sénégal.
D'autres actualités à lire
35 ans de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE)
Le 12 novembre 2024
Offrir des soins
Agir contre la faim
Protéger des violences
Scolariser et former
Donner de l’eau