World Index : un rapport alarmant sur la situation des droits des femmes et des enfants

Un enfant sur trois est privé de ses droits les plus élémentaires

Dans son World Index 2024, le réseau ChildFund Alliance dresse un tableau alarmant de la situation des droits des femmes et des enfants dans 157 pays, en s’appuyant sur les témoignages de 10 000 jeunes de 10 à 18 ans dans 41 pays dont des enfants suivis par nos programmes en Haïti, à Madagascar et même en France.

Cet index mondial de ChildFund Alliance, anciennement connu sous le nom d’Index WeWorld, offre un regard nuancé sur l’état des droits des femmes et des enfants dans 157 pays. Conçu à l’origine par WeWorld, l’ONG italienne du réseau ChildFund Alliance, cette étude révèle des inégalités criantes et met en lumière les défis auxquels sont confrontées les générations futures.

Lors de son lancement à l’ONU, le 13 novembre, le World Index a été présenté aux Présidents et Directeurs des ONG membres du réseau ChildFund Alliance, il a mis en lumière les inégalités en matière de droits de l’enfant et a souligné l’importance d’un meilleur avenir pour tous.

Meg Gardinier, Secrétaire Générale de ChildFund Alliance a déclaré :

Notre objectif était d’évaluer dans quelle mesure les enfants et les jeunes impliqués dans les projets de ChildFund réalisent leurs droits fondamentaux, et également de les engager dans un dialogue sur les questions qui affectent directement leur vie quotidienne.

Nous restons déterminés à nous appuyer sur nos huit décennies d’histoire collective pour assurer un monde plus inclusif où les voix des enfants sont entendues et prises en compte.

Les enfants nous parlent, et leurs mots nous interpellent

Reconnaissant les enfants comme des détenteurs actifs de droits, le réseau ChildFund Alliance a sollicité leur avis sur des questions telles que la pauvreté, les conflits, le changement climatique, la violence et les rêves d’avenir.

Ainsi, un jeune garçon de 14 ans au Mali témoigne :

Quand la guerre se terminera dans mon pays, je pense que nos vies seront meilleures, mais la guerre a beaucoup influencé nos vies.

De même, une fille de 16 ans en Corée du Sud nous rappelle l’importance de la responsabilité des adultes :

Je crois qu’il est de la responsabilité des adultes de lever autant que possible les obstacles qui empêchent les enfants de vivre pleinement leur vie, comme les problèmes environnementaux et d’emploi.

Les principaux enseignements de l’étude

• Plus d’un enfant sur sept en situation de handicap ne fréquente pas régulièrement l’école.
• En Afrique de l’Ouest et du Centre, près d’un enfant sur trois ne fréquente pas régulièrement l’école.
• Près d’un enfant sur dix travaille actuellement.
• L’insécurité alimentaire touche près d’un enfant sur quatre en situation de handicap (23 %), contre 14 % de ceux sans handicap.
• Plus d’un enfant sur dix déclare être régulièrement malheureux, un chiffre qui dépasse un tiers en Afrique de l’Ouest et du Centre.

La fréquentation scolaire et la sécurité alimentaire sont liées aux niveaux de bonheur, les enfants qui fréquentent régulièrement l’école et qui ont suffisamment de nourriture ayant tendance à déclarer des niveaux de bonheur plus élevés.

La perception des droits par les enfants

• Plus d’un enfant sur cinq a une faible compréhension de ses droits, les garçons montrant une perception plus faible que les filles.
• Les enfants vulnérables issus de milieux socio-économiques défavorisés sont moins susceptibles de se reconnaître comme détenteurs de droits.
• Quatre enfants sur dix se sentent en danger en raison des menaces de guerre et de criminalité.
• Plus d’un enfant sur quatre estime que les adultes ne défendent pas pleinement leurs droits.

Les enfants des nations européennes et occidentales, bien qu’ils vivent dans des environnements relativement stables, signalent des niveaux plus élevés d’incertitude, de malheur et de conscience limitée de leurs droits, se sentant comme des « appendices » de leurs parents.

Inversement, les enfants de pays comme la Tanzanie, le Kenya et certaines parties de l’Amérique latine font preuve d’une plus grande conscience de leurs droits, malgré moins d’opportunités d’exprimer leurs points de vue.

En général, les filles et les garçons nourrissent des rêves et des aspirations, bien que leurs voix soient encore sous-représentées. Ce n’est qu’en les écoutant activement que nous pouvons construire un monde qui soutient leurs droits et leur avenir.

113 ans de retard pour l’égalité

Malgré des progrès en matière de santé infantile, les droits à l’éducation ont stagné depuis la pandémie. L’étude estime qu’il faudra plus d’un siècle pour atteindre l’égalité en matière de droits.

Les enfants, acteurs de leur propre avenir

L’étude a donné la parole à 10 000 enfants, qui ont exprimé leurs préoccupations concernant le chômage, la pauvreté, les épidémies et l’avenir de la planète.

Des inégalités persistantes

Les enfants vivant dans les pays en développement sont les plus touchés par la pauvreté, le manque d’accès à l’éducation et la violence.

Les filles, les plus vulnérables

Les filles sont particulièrement exposées aux violations de leurs droits, notamment aux mariages précoces et aux violences sexuelles.

Les 5 besoins essentiels selon les enfants pour améliorer leur avenir

1. Le droit à une éducation de qualité : Un accès équitable à une éducation de qualité est essentiel pour permettre à tous les enfants de s’épanouir.
2. La protection contre la violence et la discrimination : Les enfants ont le droit de vivre dans un environnement sûr et protecteur, loin de toute forme de violence.
3. L’écoute des enfants et des adolescents : Il est crucial de donner la parole aux enfants et de prendre en compte leurs opinions dans les décisions qui les concernent.
4. La compréhension et le respect des enfants et des jeunes : Les adultes doivent reconnaître les enfants comme des individus à part entière et respecter leurs droits.
5. Des mentors pour guider et encourager : Les enfants ont besoin de modèles positifs pour les soutenir dans leur parcours de vie.

Les pays les plus et les moins avancés

L’étude classe les pays en fonction de leur respect des droits des enfants et des femmes. Les pays nordiques (Suède, Islande, Norvège) se distinguent par leur engagement en faveur des droits de l’enfant, tandis que des pays africains comme le Tchad et l’Afghanistan figurent en bas du classement. Le Liban et la Palestine sont également signalés pour une éventuelle détérioration en raison des conflits en cours.

Les enfants nous interpellent : agissons pour leurs droits !

Le World Index 2024 est un appel à l’action pour les gouvernements, les organisations internationales et la société civile. Il souligne l’urgence d’agir pour garantir les droits de tous les enfants, en particulier les plus vulnérables.

En donnant la parole aux enfants, le World Index nous rappelle que l’avenir appartient aux jeunes générations et qu’il est de notre responsabilité de le construire ensemble.